Quand le constat d’infraction arrive par la poste ou par huissier

Recevoir un constat d’infraction par la poste peut être déconcertant, surtout  si vous n’avez pas été intercepté par un policier. Pourtant, ce document a la même valeur qu’un constat d’infraction remis sur place. Il marque le début du processus judiciaire en matière de droit pénal provincial.

DCOM en collaboration avec Me Émilie Moran, procureure aux poursuites criminelles et pénales au Bureau des affaires pénales 

En matière pénale, une personne peut recevoir un constat d’infraction portatif ou un constat d’infraction général, selon la nature de l’infraction reprochée et le type de loi enfreinte.

Contrairement au constat portatif, qui est souvent remis sur-le-champ (par exemple, pour une infraction au Code de la sécurité routière), le constat d’infraction général est transmis ultérieurement, par la poste, par un huissier de justice ou par un agent de la paix. 

Qu’est-ce qu’un constat d’infraction général?

Le constat d’infraction général est un document officiel délivré lorsqu’une personne est poursuivie pour avoir contrevenu à une loi. Il s’agit d’un avis formel signifiant qu’une poursuite pénale est entreprise contre elle.

Certaines infractions peuvent nécessiter plusieurs jours, voire des mois d’enquête pour recueillir tous les éléments de preuve requis et ainsi permettre aux procureurs d’intenter une poursuite. Par exemple, pour mettre fin à un réseau de braconnage, les agents de protection de la faune doivent procéder à une enquête sur une longue période et la preuve recueillie est généralement volumineuse. C’est notamment dans ce genre de situations qu’un constat d’infraction général peut être remis.

Que contient le constat d’infraction général?

Le constat d’infraction général contient plusieurs renseignements essentiels prévus par le Règlement sur la forme des constats d’infraction, notamment le nom et l’adresse du défendeur, la loi enfreinte, la date et heure de l’infraction, le montant de l’amende et des frais réclamés. On y retrouve également les explications sur la manière de répondre au constat d’infraction ainsi que le délai pour le faire.

Affichage public

Parfois, il n’est pas possible de remettre le constat par la poste, par huissier ou par agent de la paix parce que la personne a déménagé sans mettre à jour son adresse ou parce que le courrier n’est pas réclamé par son destinataire.

Dans ces cas, le DPCP peut procéder par avis public, le plus souvent par la publication du constat sur le site internet du ministère de la Justice du Québec.

Cette publication vaut signification à l’expiration du délai indiqué dans l’avis pour récupérer l’acte de procédure. L’avis public dure habituellement 30 jours.

Comment répondre à un constat d’infraction général?

La personne qui reçoit un constat d’infraction général doit y répondre dans les 30 jours suivant la date de signification. Trois options s’offrent généralement à elle.

Ne pas répondre dans le délai prévu peut entraîner un jugement par défaut, c’est-à-dire que la personne pourrait être trouvée coupable en son absence et devra payer l’amende imposée et possiblement des frais supplémentaires.

Que se passe-t-il si l’on conteste?

Si la personne plaide non coupable, le dossier est transmis au tribunal compétent. Lors du procès, le procureur du DPCP présente la preuve recueillie et la personne poursuivie peut présenter sa défense. Le fardeau de la preuve repose sur le poursuivant. Il doit établir la culpabilité du défendeur hors de tout doute raisonnable.

Le juge décide ensuite si la personne est coupable ou non de l’infraction reprochée.

En résumé, le constat d’infraction général est un outil qui permet d’intenter une poursuite contre une personne à la suite d’une plus longue enquête. Même s’il peut sembler moins immédiat qu’un constat portatif, il obéit aux mêmes règles de procédure et a la même valeur légale.

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