Lorsqu’un jeune homme de 18 ans
de Val-d’Or a commis un méfait, il aurait pu se retrouver devant les tribunaux.
Pourtant, grâce à un parcours différent, adapté aux réalités autochtones, il a pris
part à des cercles de parole et offert de son temps dans une maison d’aînés.
Touché par cette expérience, il a choisi de poursuivre son engagement après la
fin de ses mesures et n’a pas récidivé.
C’est précisément ce type de réparation
que permet la procédure adaptée en milieu autochtone du Programme de mesures de
rechange général (PMRG), appelée Procédure de traitement des dossiers
impliquant des accusés s’identifiant comme autochtones dans le cadre du
Programme de mesures de rechange général pour adultes (PMRG-A-MU).
Le PMRG-A-MU est déployé dans certaines villes du Québec soit Montréal,
Joliette, Trois-Rivières, Val-d’Or et Roberval. Il est destiné aux personnes
autochtones accusées de certaines infractions criminelles. Son objectif :
favoriser la responsabilisation, la réparation et la réconciliation, dans le
respect des cultures et des parcours de vie.
DCOM en collaboration avec Amy Edward, coordonnatrice à la
justice au Centre de justice des Premiers Peuples de Montréal
Une approche adaptée aux réalités autochtones
Le PMRG-A-MU est déployé au CJPPM
depuis 2022. Amy Edward, responsable du programme pour l’organisme, estime que
la dimension culturelle de la démarche revêt une importance capitale dans le
processus de déjudiciarisation.
« On est très créatifs. On
peut proposer des ateliers d’arts traditionnels, des cercles de discussion, du
mentorat, des plans individualisés de bien-être ou encore faire appel à des
membres des communautés pour soutenir les participants », explique Mme Edward.
Contrairement au système de
justice traditionnel, qui applique les mêmes règles à tous, le PMRG-A-MU s’appuie
sur une approche qui valorise d’abord la compréhension du contexte et la
réconciliation.
« Dans la pensée occidentale, tout le monde est égal devant la loi. Mais dans la philosophie autochtone, on regarde le contexte : comment peut-on aider cette personne spécifiquement? On veut d’abord comprendre et soutenir. » - Amy Edward, coordonnatrice à la justice au Centre de justice des Premiers Peuples de Montréal
Cette façon de faire permet à la
personne contrevenante non seulement de prendre conscience de ses gestes, mais
aussi de travailler sur leurs causes profondes, parfois liées à des traumas
intergénérationnels ou à des réalités sociales complexes.
Des effets durables
Le PMRG-A-MU
vise des effets à
long terme : éviter la récidive, renforcer l’autonomie et la
responsabilisation et restaurer le pouvoir d’agir tant chez les personnes
victimes que chez les contrevenants.
Amy Edward constate régulièrement
les effets bénéfiques du programme sur les participants. « Les gens nous
disent qu’ils ont aimé avoir une autonomie dans leur cheminement. Ils ne se
sentent pas poussés ou contrôlés. Ils ont l’impression d’avoir accompli quelque
chose par eux-mêmes », rapporte-t-elle.
Une collaboration essentielle
La réussite du programme repose
sur la participation active de plusieurs acteurs comme le DPCP, les centres
d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC) et les organismes communautaires
locaux.
En travaillant sur les problèmes
qui ont pu amener les contrevenants à adopter des comportements criminels et en
mettant de l’avant la réparation des torts causés à la victime et à la
collectivité, le PMRG-A-MU contribue à réduire la récidive et à
renforcer la cohésion sociale.
Pour le DPCP, c’est une façon d’exercer sa mission en conjuguant sécurité,
équité et ouverture.
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