Magalie Masson, en collaboration avec le CAVAC et Annabelle Sheppard, procureure aux poursuites criminelles et pénales et porte-parole au DPCP
La procureure aux poursuites criminelles et pénales Me Annabelle Sheppard et l’intervenante au Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC) de Montréal Camille Chicoine-Gagnon travaillent ensemble depuis plusieurs années. Toutes deux ont été marquées par une victime.
« La personne victime avait des pensées suicidaires, mais après avoir témoigné, elle était tellement fière d’elle, fière d’avoir fait face à l’accusé. Le processus lui a redonné confiance et aujourd’hui, elle a pratiquement hâte à son prochain témoignage! » – Mme Chicoine-Gagnon, intervenante au Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC)
Pour les deux professionnelles, la clé de ce succès réside dans l’accompagnement qu’elles offrent, ensemble, à la personne victime. Pour elles, les bénéfices de ce travail d’équipe ne sont plus à prouver.
La collaboration entre le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) et le Réseau des CAVAC remonte à plusieurs années, mais depuis que le programme Témoin enfant (PTE) a été élargi à d’autres témoins vulnérables, comme les personnes adultes victimes de violence sexuelle et de violence conjugale (PTVSVC), Me Sheppard constate des effets bénéfiques sur les victimes.
« L’accompagnement des victimes est au cœur des préoccupations des procureurs. La collaboration avec le CAVAC leur permet non seulement d’être épaulés, mais aussi d’assurer un meilleur accompagnement pour les victimes. Cela humanise le processus judiciaire. » – Annabelle Sheppard, procureure et porte-parole au DPCP
L’objectif du programme mis en œuvre par le DPCP et le CAVAC est de réduire le stress vécu par les témoins et les victimes qui participent au processus judiciaire et d’aider à la préparation du témoignage pour que tout se passe bien. Il comprend plusieurs rencontres préparatoires ainsi qu’un accompagnement personnalisé.
Des rôles complémentaires
Grâce à ce service, l’intervenante et la procureure peuvent chacune se concentrer sur leur expertise. Me Sheppard peut se consacrer davantage au volet juridique et aux différentes étapes du processus judiciaire, alors que Mme Chicoine-Gagnon peut se dédier à la personne victime, à ses besoins et à ses préoccupations. Des rencontres peuvent se faire à trois ou uniquement entre la personne victime et le ou la spécialiste du CAVAC.
Auparavant, les procureurs devaient eux-mêmes assurer le soutien aux victimes. Dorénavant, ils peuvent compter sur la collaboration des intervenants du CAVAC pour l’accompagnement des personnes victimes, ce qui est également bénéfique pour ces dernières. Par exemple, celles-ci peuvent recevoir du soutien des professionnels du CAVAC pendant leur contre-interrogatoire, alors qu’il est interdit aux procureurs de le faire par souci de préservation de l’intégrité du témoignage. Pendant le contre-interrogatoire, le procureur se trouve lui aussi dans la salle de cour du palais de justice, mais il ne peut pas agir comme personne de confiance auprès de la personne victime.
Le PTE-PTVSVC, à l’initiative des procureurs
Le soutien pouvant être offert aux personnes victimes par l’intermédiaire du programme PTE-PTVSVC dépend toutefois des procureurs. Ceux-ci doivent en faire la demande pour chaque dossier. Un intervenant peut être demandé à n’importe quelle étape du processus, par exemple lors d’un témoignage, de l’annonce d’un verdict ou de l’annonce d’un refus de déposer des accusations.
Généralement, l’implication du CAVAC débute lors de la prise de déclaration de la victime par la police. Suivent alors plusieurs rencontres pour s’assurer que l’expérience vécue par la personne victime dans le système de justice est agréable et la moins stressante possible. L’accompagnement est individualisé et peut réellement faire du bien à la personne victime et faciliter son témoignage à la cour.
Pour les dossiers qui ne font pas l’objet du suivi PTE-PTVSVC, le CAVAC offre tout de même des services psychosociaux ponctuels. Chaque personne victime reçoit de la documentation du CAVAC par la poste et peut choisir les services dont elle a besoin.
« Me Sheppard me fait confiance, et c’est un cadeau. Plusieurs procureurs ont développé le réflexe de nous impliquer dans le processus, surtout lorsqu’il est question de violences sexuelles » – Mme Chicoine-Gagnon
« Je ne peux plus traiter un dossier sans le CAVAC. Nous sommes plus forts ensemble. En tant que procureurs, nous souhaitons que justice soit rendue, mais quand nous avons également l’impression d’avoir aidé quelqu’un, ça vaut de l’or » – Me Sheppard
Les services du CAVAC sont offerts dans tous les palais de justice de la province. Il est possible de joindre directement l’organisme ou d’en faire la demande au procureur responsable de votre dossier.
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